Tout le monde apporte de la joie dans ce bureau… certains en arrivant, d’autres en sortant.
La personne qui a inventé l’expression “il faut se fier à ses premières impressions” est un putain de génie. C’est clair que si je l’avais appliquée, je m’en serais mieux portée. L’histoire que je vais vous raconter relate mon expérience de toxicité au travail, que j’ai endurée pendant un an et demi. Pourquoi vous la raconter maintenant ? Parce que ça fait trois ans, et que je l’ai toujours un peu en travers de la gorge.
Alors par quoi commencer ? D’abord, il est fort probable que mes anciens collègues lisent cet article. Alors déjà, salutations à eux, et pour la collègue toxique que je vais mentionner à plusieurs reprises et qu’on nommera N, il faut qu’elle sache si elle me lit, que la roue tourne, sale petite vermine. Oui, vous verrez que je n’y vais pas de main morte, même si l’histoire n’est pas récente. C’est indirectement à cause de cette collègue que j’ai été licenciée de mon entreprise. Je suis même passée par une phase dépressive. Ça va je suis passée à autre chose depuis. Mais il est de mon devoir de prévenir toutes les petites sœurs en études qu’elles risquent de rencontrer d’autres N. Entrons donc dans le vif du sujet.
Décryptage de la collègue toxique
Je vous mets un peu de contexte. Pour mon premier CDI, j’entrais dans une boîte où je ne voulais pas aller. Ça commence mal. Le premier jour, j’apprends qu’on m’a choisi par défaut, à cause d’un désistement. Really? Bon, le 2ème jour, arrive ma collègue N (elle aussi nouvelle), avec qui j’allais partager mon bureau. On me montre une femme présentable, blonde, avec un fort rouge à lèvres et qui tire la tronche car comme moi, elle n’avait pas envie d’être là.
Au premier abord, je me dis “je ne la sens pas celle-là”. Mais Jenny… Jenny donne toujours le bénéfice du doute aux gens, surtout ceux dont elle se méfie. Alors je tente de voir le côté positif des choses et pense naïvement qu’on s’entendra bien. Il n’y a pas de raison. À ce moment-là N vient me parler. Et je sais maintenant, avec le recul, que sa manipulation avait démarré dès les premiers mots que nous avions échangés. Beurk.
Pendant près de six mois, j’ai partagé mon bureau avec N. Ça m’a paru interminable. Mais c’est ce qui me permet de faire un portrait assez tangible pour vous expliquer le genre de personne que c’est.
Madame pleurnicharde – Voilà sa caractéristique principale et c’est comme ça qu’elle m’a eue. Qu’il s’agisse de sa situation professionnelle, de ses missions ou de sa vie de couple, elle venait me voir presque tous les jours pour déverser toute sa frustration, et ce que je pensais être sa tristesse.
La cheffe des commérages – Elle passait plus de temps à répandre des rumeurs et à dire de la merde sur les gens qu’à travailler. Chaque fois qu’il se passait quelque chose au bureau, elle essayait d’avoir toujours une longueur d’avance sur les autres pour déformer la réalité qu’elle irait ensuite raconter.
Experte en manipulation – Dès le départ, elle faisait semblant d’être amicale alors qu’en fait elle répandait des rumeurs et racontait des ragots sur moi. Elle s’est souvent adressée dans mon dos à mon manager, avec qui elle s’est liée d’amitié (pour ses propres intérêts) alors qu’en fait, elle me racontait aussi des ragots sur elle. Elle a manipulé d’autres collègues qui ont fini par m’isoler. Et bien sûr, elle était incompétente dans son propre travail, mais manipulait les bonnes personnes pour obtenir de l’aide. Moi par exemple. Bah oui, sa vie est si dure… il fallait que je l’aide.
Une compétitrice maladive – Comme si les commérages ne suffisaient pas, elle devait aussi rabaisser d’autres collègues par qui elle se sentait menacée. Lorsqu’elle était près d’eux, c’était la plus grande hypocrite que le monde ait jamais vu, et dans leur dos, un serpent venimeux. Quand j’ai obtenu une promotion, elle a essayé de dégoter un emploi dans MON équipe (qui n’était même pas située en France), et a même contacté mon responsable qui m’a par la suite interrogée à son sujet. Même là, j’ai été fairplay et n’ai dit que du bien d’elle pour ne pas la saboter. Quelle conne !
Une Narcissique invétérée – Elle devait être la plus jolie, toujours à comparer l’apparence physique des gens. “Tu trouves pas que X est beau ?” “Elle s’habille vraiment mal hein”. C’était une femme qui se trouvait attirante, se sentait supérieure aux autres et qui n’avait qu’une idée en tête : être meilleure non pas dans son travail, mais par son statut social. Dommage car en réalité, elle ne possédait pas les compétences pour atteindre ce statut.
Pro de l’intimidation – Je ne pouvais pas croire que j’étais victime d’intimidation au travail. Une fois, elle m’a aboyé dessus depuis une autre pièce parce que je ne répondais pas à son appel téléphonique et m’a traitée “de mal éduquée ». C’est devenu son excuse pour commencer à m’ignorer dès le lendemain, saluer et même offrir des gâteaux à littéralement tout le monde au bureau, sauf moi et devant les gens. Elle a également jeté son dévolu sur la stagiaire qui travaillait avec moi à un moment donné, et là encore, j’ai été trop faible d’esprit, lui trouvant toujours des excuses parce qu’elle était « surmenée ».
Voilà à quel genre de personne j’ai eu affaire. Mais les conséquences qu’elle a eues sur mon mental sont non négligeables.
Des conséquences inattendues
Un environnement de travail étouffant – Pendant six mois, j’ai été dans un bureau fermé avec un collègue toxique qui ne faisait que se défouler. Si je voulais faire mon travail et faire en sorte que ma journée de travail ne tourne pas uniquement autour d’elle, je devais mettre mes écouteurs. Ce qui ne l’empêchait pas de me parler ou de m’interrompre quand elle le voulait. Son temps avait bien plus de valeur que le mien.
Une anxiété permanente – Mon quotidien au travail me suivait jusqu’à chez moi. Je n’arrivais pas à chasser N de mon esprit. J’en parlais tout le temps à mes proches, me plaignant de ma collègue pleurnicharde, sans me rendre compte de l’ampleur de ses actions. Je me disais simplement qu’elle n’allait pas bien et que ça m’affectait également, sans réaliser le mal qu’elle faisait autour de moi.
Un sentiment de trahison – Comme elle se défoulait toujours sur moi et partageait ses sentiments les plus profonds et les plus personnels, je pensais avoir de la valeur à ses yeux. Je croyais que j’étais sa confidente, voire son amie alors qu’en réalité, elle ne m’utilisait que pour déverser ses problèmes. Cela s’est vu lorsqu’elle a pu quitter notre bureau pour rejoindre l’équipe commerciale (clairement la plus valorisée de l’entreprise), elle est partie et m’a mise de côté. Ce n’est qu’à partir de ce moment que j’ai réalisé ce qu’il se passait.
Une prise de conscience trop tardive
Parce qu’elle était toujours avec moi, je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez. Quand elle partait en vacances, je m’intégrais mieux avec mes collègues qui ne m’isolaient plus. C’est à cause de mon mal-être et grâce à d’autres collègues qui ne la supportaient pas que j’ai réalisé ce qu’il se passait. Une fois, après avoir organisé et géré un évènement important de l’entreprise, je me suis lâchée en fin de soirée et ai bu, au point de tout raconter à mon supérieur qui était aussi le chef de N. Ce n’était pas intentionnel. Je l’ai appelé le lendemain pour m’excuser, puis il m’a répondu qu’il allait tout de suite prendre des mesures contre cette « femme mûre qui maltraitait une jeunette à peine sortie d’études ».
Inutile de vous dire qu’il ne s’est rien passé. Il a dû faire quelques remontrances à N puisqu’elle m’a abordée le lendemain, demandant si je lui avais parlé. J’ai nié. Lol. C’est ce même jour que je lui ai demandé pourquoi elle se comportait ainsi avec moi, cherchant à comprendre ce que j’avais bien pu lui faire. Mais lorsqu’elle a commencé à bégayer et balbutier des excuses bidons du type « j’ai pas apprécié que tu ne répondes pas au téléphone », j’ai compris qu’elle-même ne le savait pas. Je crois que dans sa tête elle devait plutôt se dire « parce que tu m’énerves, c’est tout. »
La jalousie. Voilà un motif récurrent au travail. Elle n’apparait jamais explicitement. Elle ne s’explique pas toujours. La jalousie se ressent à travers les actes. L’égoïsme et l’hypocrisie aussi sont des fléaux du monde du travail. Je savais que N était insatisfaite de son salaire, à peine supérieur au mien alors qu’elle avait plus d’expérience. Qu’elle était frustrée par son niveau d’anglais qui l’empêchait d’être promue à des postes internationaux comme moi. Qu’elle était dégoutée de n’avoir pu se rendre au États-Unis comme moi. Qu’elle souhaitait être la première à m’annoncer que j’allais être licenciée alors que je le savais bien avant elle. Qu’elle voulait même me pousser à retourner travailler sur mon ancien poste afin je régresse au même niveau qu’elle. Elle ne me voulait aucun bien. Elle était simplement jalouse.
J’ai compris beaucoup trop tard parce que j’étais naïve et gentille. Depuis quand la naïveté est-elle un si vilain défaut ? Ma première expérience de travail en CDI a été un réel apprentissage et je vous en parle pour que vous restiez sur vos gardes. Lors de mon expérience suivante, j’ai été parano pendant plusieurs mois avant de me rendre compte que j’en faisais trop. Oui c’était légèrement traumatisant. Ne faites pas comme moi. Faites attention aux amitié au travail.
J’exagère probablement un peu. Mais je ne prends plus ces sujets à la légère. Le bon côté de la chose, c’est que j’ai récemment commencé à travailler en free-lance, et cela me donne tout le confort et la liberté dont j’ai besoin. Cela ne serait probablement pas arrivé sans N.
Travailler avec un collègue toxique est difficile, et personne n’y est préparé. En fin de compte, l’expérience est notre meilleure chance d’y faire face. Je pense que nous allons tous passer par là. Avez-vous déjà travaillé avec un collègue toxique ? Comment l’avez-vous abordé ?