Dans un podcast, je vous expliquais pourquoi j’ai quitté la France pour l’Allemagne. Je ne regrette pas ce choix, mais il faut dire qu’il y a de vraies différences culturelles entre les deux pays. Ça fait maintenant plus d’un an que j’ai quitté Paris pour côtoyer le pays du Bratwurst, donc j’estime avoir enfin une certaine légitimité à parler de l’Allemagne. Bien que j’apprécie la vie locale, les paysages, le coût de la vie et sa simplicité, il y a malgré tout des expériences dont je me serais bien passée en tant que parisienne en Allemagne du nord !

En réalité, je suis arrivée en Allemagne peu avant la pandémie de la covid-19, ce qui a rendu mon aventure un peu plus difficile. Aussi, je vis en Allemagne du nord, qui n’a rien à avoir avec la vie berlinoise mouvementée, innovante et multiculturelle dont on nous parle tant. J’ai toujours été fascinée par la “Deutsche Qualität” que mentionnent les médias, cela n’a fait que raviver mon envie d’y vivre. Alors loin de moi l’idée de décourager d’éventuels futurs expats, mais voici mes péripéties en tant que parisienne et noire en Allemagne, en espérant que mon expérience vous apporte un éclairage si vous voulez aussi tenter l’aventure.

L’enfer de l’administration allemande

Ce n’est pas qu’une impression : tout prend vraiment mille ans ! On dirait parfois que les Allemands ne sont pas encore passés à l’ère digitale. L’utilisation du papier pour faire ses démarches administratives est encore très présente. Quel choc pour moi qui suis 100% connectée et habituée à faire toutes mes démarches en ligne.

Par exemple, j’avais fait exprès de souscrire à une carte Visa Premier option internationale, souplesse et tout ce que vous voulez, pour être sûre de ne jamais avoir de pépins lorsque je suis à l’étranger. Figurez-vous qu’en Allemagne, c’est inutile ! Certains commerçants refusent de vous faire régler en carte ou n’acceptent qu’un type de compte bancaire spécifique appelé Giro account. J’ai mis quatre mois à m’en procurer une à cause des délais, échéances et déplacements physiques à la poste à prévoir. En Allemagne, l’argent liquide est roi !

Un autre exemple : mon forfait téléphonique. Les offres existantes en ligne sont si peu claires que j’ai fini par me rendre en magasin où les prix vont de 40 à 50 € par mois pour un forfait de 15 Go. En attendant de trouver une solution, je vivais avec un forfait prépayé de 3 Go à 14.99 € à recharger. Alors qu’en France, et grâce à la révolution de Free, j’avais un forfait de 50 Go à 19 €. Figurez-vous que j’ai fini par retourner sur un forfait français. C’est à ce point ! Une chose est sûre : lorsqu’on parle peu allemand, il vaut mieux confier ces choses à une personne de confiance. Moi, Miss Independent, j’ai dû compter sur l’aide de mon conjoint allemand pour parler à ma place et c’est frustrant.

Mieux vaut être seule que mal accompagnée ?

J’ai travaillé pendant six mois en Allemagne avec des collègues majoritairement allemands. Et même si mon expérience a été positive, je n’ai pas réussi à tisser des liens plus que professionnels avec mes anciens collègues. C’est peut-être moi qui suis devenue trop parano à cause de mon expérience au travail avec un collègue toxique. Mais je n’ai pas ressenti que mes collaborateurs avaient envie de garder contact. Il faut dire qu’au travail, j’étais la plus enjouée et la plus bavarde, peut-être à mon désavantage.

De ce que j’ai compris, les Allemands grandissent et restent avec leur cercle d’amis habituel. Les amis de mon chéri par exemple, m’ont fait remarquer qu’ils n’avaient pas besoin de rencontrer du nouveau monde, parce qu’ils ont déjà  leurs relations avec leurs amis d’enfance. Je trouve ça attendrissant et en même temps dommage pour les personnes comme moi, qui viennent justement découvrir et échanger avec de nouvelles personnes. Mes interactions avec les Allemands m’ont également fait comprendre qu’eux aussi, ne sont pas très à l’aise à l’idée de parler anglais. S’ils sont courtois et communiquent en anglais en début de soirée, ils retournent très vite à leur langue maternelle le reste du temps. Et impuissante, je ne peux pas non plus leur en vouloir, car je sais que beaucoup de Français (en tout cas parisiens) ne font pas mieux.

Cela dit, la pandémie n’a pas aidé à me faire des contacts. Si je voulais malgré tout rencontrer du monde en dehors de la famille et des amis de mon copain (ça va deux minutes), je devais prendre moi-même les choses en main. Après un peu de recherche, j’ai trouvé un groupe Facebook en anglais pour les étrangers habitant dans ma ville. C’est comme ça que j’ai commencé à discuter et sortir avec la communauté du groupe. Ce qui est dommage, c’est que cela réduit les interactions avec les Allemands et met une barrière pour l’apprentissage de la langue. J’aime apprendre de nouvelles langues, je parle couramment anglais, espagnol et un peu de mandarin, mais j’ai vraiment du mal avec l’allemand.

Pas simple de s’adapter au mode de vie allemand

Pourquoi cette obsession pour les brötchen (petits pains) matin, midi et soir ? Bon il s’agit de mes préférences, mais je déteste manger les mêmes choses à répétition. Et même si j’adore la baguette de pain, je ne supporterais pas d’en manger tous les jours à toutes les sauces. Aussi, j’ai l’impression que la nourriture allemande n’est pas si variée que ça ? À part les saucisses et l’excellente Roulade que fait la mère de mon chéri, j’ai remarqué que les Allemands utilisent pas mal de produits industriels. Les supermarchés proposent beaucoup de produits pré-faits pour cuisiner une sauce, ou même pour faire un gâteau. Mais encore faudrait-il qu’ils soient ouverts le dimanche !

Sinon, peut-on parler de la gestion des poubelles en Allemagne ? Attention, je suis absolument pour le recyclage et le tri des déchets. Et je sais qu’on va dire que j’exagère, mais je hais devoir attendre deux semaines pour mettre mes déchets plastiques à la poubelle. Et oui, je comprends que le gouvernement allemand ait mis en place des mesures strictes pour nous pousser à produire moins de détritus. Mais j’en fais quoi des déchets accumulés pendant deux semaines ? Bon c’est une situation inconfortable, mais je préfère la subir plutôt que de recevoir une facture de 1000 € pour manquement ou d’être virée de mon appartement. Et oui apparemment ça peut aller jusque-là.

Être une femme noire en Allemagne

Sans surprise, ce qui me met le plus dans l’embarras en Allemagne, c’est la difficulté à trouver des produits afro, certainement parce que je ne vis pas à Berlin, Cologne ou Hambourg. Certes, la marque de produits capillaires Cantu a intégré la chaîne de magasins Rossmann (droguerie allemande), ce qui est une évolution par rapport à la France. Mais trouver du maquillage adapté ou une coiffeuse pour faire des soins et couper mes pointes n’est pas chose aisée. Il existe des salons afro pour faire des tresses et différentes coiffures, mais pas de salons dédiés aux soins capillaires. Et même si les coiffeurs allemands tentent d’être rassurants, je peux voir dans leurs yeux que ma texture les effraie, quoi qu’ils en disent. Et je ne veux pas prendre de risques.

Après plus d’un an passé en Allemagne, je suis heureuse de déclarer n’avoir jamais vécu d’agression ou acte raciste. C’est normal, vous dites ? Je ne sais pas. À vrai dire, je n’ai eu que peu d’occasion de réellement échanger avec les Allemands en dehors de mon cercle habituel : je parle très peu la langue et suis pas mal restée chez moi vu le contexte sanitaire. L’une des seules fois où j’ai fait face à un comportement potentiellement raciste est quand j’attendais mon chéri seule devant la gare et que des policiers m’ont approchées, pensant que j’étais une prostituée. Je vous laisse faire vos propres conclusions. Mais à part les quotidiens regards insistants dans la rue et le métro (qui serait apparemment culturel en Allemagne), il n’y a pas grand-chose à signaler. Une Allemande m’a d’ailleurs avoué que j’étais bien lotie dans le nord, car les agressions racistes étaient plus courantes à l’est.

Cela dit, ça n’a pas empêché l’entourage de mon copain de me poser des questions très précises, émanant de ma couleur de peau, comme “est-ce que tu peux bronzer ?, je peux toucher tes cheveux ? ” ou d’être témoin de propos racistes normalisés envers les personnes turques, qui ont l’air d’être les noirs et les arabes d’Allemagne (même si ces derniers sont aussi discriminés). Autant les questions bêtes peuvent être ignorées, autant je n’ai pas pu contenir mon mécontentement face au racisme décomplexé de certains. Quoi, juste parce que je suis Noire, je ne devrais pas me sentir offensée ? Ce n’est pas ainsi que fonctionne l’anti-racisme.

On en parle du conformisme allemand ?

Autant vous dire qu’il est difficile pour une Parisienne de ne pas traverser la rue avant que le feu ne passe au vert. J’en ai parfois des sueurs froides. Alors j’essaye évidemment de ne pas faire d’incivilités, mais on dirait qu’il y a une pression et un jugement collectif des personnes qui en font. D’après ce que j’ai compris en Allemagne, le bien collectif est privilégié par rapport au bien individuel. Ce qui fait sens, mais n’est pas réel en France où l’on s’indigne pour sa liberté.

Et si je décide de sortir mes poubelles le jour où je ne devrais pas ?? Que je ne suis disponible que le dimanche pour tondre ma pelouse ? Et si je prends mon temps pour ramasser mes courses à la caisse du magasin, qu’est-ce que ça fait ? J’ai vu des gens paniquer et on m’a même pressée de me dépêcher pour ne pas gêner à la caisse, comme si j’avais cinq ans. Il s’agit là peut-être plus de ma personnalité que de différences culturelles, mais je ne serais pas étonnée de lire que les Allemands sont des stressés de la vie.

Évidemment, je fais des généralités à partir de mon expérience. Mais je me demande parfois si le conformisme allemand n’est pas une conséquence de faits historiques. J’ai l’impression qu’il existe une culture de la culpabilité qui veut empêcher tout potentiel débordement. Et si ces éléments sont effectivement liés, la “Deutsche Lebens Qualität” (la qualité de vie allemande) ne serait alors que propagande.

Après cette lecture, il y a des chances pour que vous soyez plus dégoûtés qu’enjoués à l’idée de vivre en Allemagne. Mais je voulais partager mon expérience sur les points qui ont rendu mon expatriation difficile. Il y a évidemment beaucoup de choses positives à vivre et découvrir en Allemagne, comme la multitude de paysages, le fait de se sentir en sécurité en tant que femme, le mode de vie plus écologique et même le fait de travailler en Allemagne. Tout le monde n’est pas grincheux comme moi. D’ailleurs, dites en commentaires toutes les choses positives que l’Allemagne vous a apportées. Dans mon cas, c’est la sérénité, et ça, ça n’a pas de prix.

20 thoughts on “Péripéties d’une Parisienne en Allemagne du nord

  1. Salut Jane! J’ai vu ton post sur Facebook redirigeant sur ton article. Je dois dire que mon ressenti est très différent du tien. Je suis du Sud de la France et j’ai emménagé à Hambourg en 2019. (Mon conjoint est allemand)
    Personnellement, j’adore la mentalité allemande et le « vivre collectif » tout en respectant des règles simples favorisant une absence d’incivisme au contraire trop présent en France. Peut-être est-ce le contraste avec Toulouse, mais je me sens plus en sécurité en Allemagne, et aussi, pouvoir manger dans n’importe quel restaurant, même entre 15h et 18h, tous les jours y compris le dimanche, j’adore ! J’y ai trouvé la nourriture plutôt variée, avec des saveurs des 4 coins du monde. En revanche oui, les produits en supermarché sont parfois trop gras, ou trop industriels. Mais pas plus qu’en France à mon goût. Et les options pour manger vegan sont beaucoup plus nombreuses qu’en France!
    Pour ce qui est de se faire des amis Allemands, c’est plus simple maintenant que je parle un peu la langue mais je te rejoins sur le fait que c’est pas facile de s’intégrer. Avant le covid c’était plus simple, alors patience, quand la vie reprendra son cours, je pense que ca ira mieux 😉

    1. Merci beaucoup ! Eh oui covid ne rend pas les choses plus simples, mais je sais que ça va s’améliorer. J’adore lire des expériences complètement différentes des miennes, c’est le concept même du partage d’expérience que certains ne comprennent pas haha. Je note vos précieux conseils <3

  2. Après vous avoir lue je me demande tout simplement si l’Allemagne est le pays dans lequel vous arriverez à vous projeter, où vous aimerez vivre à moyen et long terme.

    On dit que pour avancer quelque part il faudrait déjà commencer par lister les choses positives

    Christine
    Parisienne depuis toujours et franco allemande 🇩🇪 🇫🇷

  3. Bonsoir Jane,
    Merci pour votre article. Je partage un certain nombres de vos ressentis (le racisme à outrance, les cercles d’amis fermés, le conformisme à outrance, et le jugement constant des personnes), j’espère en revanche que vous trouverez des aspects positifs à la vie allemande. Je vis en Allemagne depuis 2016, bien que je ne sois pas toujours épanouie je ne me vois pas pour l’instant retourner en France. La vie allemande a des avantages (qualité de vie, moins de stress qu’à Paris, une très grande francophilie…).
    Bon courage pour la suite !
    Julie

  4. Bonjour Jane!
    J’aime bien votre article, vous avez bien décrit les difficultés que peut rencontrer une française en Allemagne. Et j’imagine qu’être une femme noire ne doit pas arranger les choses. Moi, je suis française du Sud et je suis arrivée en Allemagne comme étudiante, j’y vis depuis plus de 30 ans. J’ai vécu dans plusieurs régions, dont la Bavière, et il y a d’énormes différences. J’ai fini par atterrir dans la région de Cologne et je m’y sens bien. Je ne pense pas que j’aurais pu m’installer définitivement en Bavière ou à l’Est, je m’y sentais trop différente. Actuellement, je n’imagine pas retourner en France. Ce qui m’y énerve le plus, c’est l’habitude française de tout critiquer et de n’être jamais content. Si je devais donner quelques conseils pour s’intégrer en Allemagne, c’est de ne pas être pressé. Les Allemands ont besoin de temps pour être apprivoisés. Dans chaque ville où j’ai vécu, il m’a fallu attendre au moins un an avant de me faire de vrais amis. Et c’est important aussi de parler la langue, ou au moins de montrer qu’on fait un effort pour l’apprendre. Et quand on a le mal du pays, il y a plein de Français en Allemagne et ça fait du bien de se retrouver de temps en temps. Bon courage pour la suite ! Claire

    1. Hello Claire, merci beaucoup pour ces précieux conseils. Oui, il faut que je redouble d’effort dans l’apprentissage de la langue !
      Je sais que je critique beaucoup, mais c’est aussi ça le partage d’expérience 🙂
      PS : aucune envie de retourner en France non plus !

  5. Bonjour Jane,
    très bon article et je pense que les points de vue seront toujours partagés sur ce sujet. Moi je suis africain précisément du Bénin et je suis en Allemagne depuis 7 ans déjà. Pour avoir déjà vécu dans 4 différentes villes du sud au nord, je retiens juste que l’intégration dépend en grande partie du cercle de personnes dans lequel on se retrouve. Les mentalités diffèrent également d’une région à l’autre. Et depuis environ 4 ans que je suis à Berlin, je n’éprouve plus le besoin d’y quitter. Bonne chance à toi!
    Olatundji

    1. Salut Olatundji, merci pour ton partage d’expérience ! Je suis béninoise aussi 🙂
      Je te rejoins complètement sur l’entourage en tout cas, c’est vrai que ça influence beaucoup l’expérience.
      Pour avoir été à Berlin, je comprends que tu ne quittes plus cette ville, je réfléchis d’ailleurs à y retourner / me reloger ?

  6. Salut Jane ! Je te laisse ma question ici car ton article sur le groupe n’est plus disponible. Qu’est-qui te mène d’ailleurs à dire que les Arabes sont « systematiquement persecutés » en Allemagne ? Je trouve cela exagéré vu que c’est ce pays qui a accepté 2 millions de réfugiés syriens et irakiens en 2015/16 pendant que les pays des Droits de l’Hommes les a repoussés. Je suis parfaitement conscient de la montée de l’Extrême-Droit et du racisme banal du quotidien même si autant que Blanc je ne l’éprouve pas directement, mais le terme « systematiquement persecutés » m’évoque la situation des Ouighours en Chine ou les Chrétiens au Pakistan, mais pas la situation en Europe. Concernant tes expériences racistes en général: Je suis profondément désolé que tu as vécu cela et je trouve ces comportements et propos vraiment choquants. Le fait que la plupart des Allemands ne connaissent aucun ou très peu de personnes noir ou d‘origine africaine n’est qu’une explication, pas une excuse. Cependant, je tiens à préciser que selon mon expérience, la France est malheureusement aussi loin d’être le pays « colour-blind » qu’on aime présenter: J’ai constaté qu’énormément de gens autour de moi font des remarques racistes, humoristiques ou non, des remarques antisémites, se moquent des accents, font sans réfléchir la différence entre « les Noirs et « Les Français » etc. – et ce sont tous des jeunes qui ont fait des études supérieurs. Dans un pays avec une longue tradition du modèle républicain où tout le monde est citoyen malgré ses origines, je ne m’attendais pas à cela. Merci en tout cas d’avoir partagé tes experiences !

    1. Hello ! Merci pour ton message. Je pense m’être mal exprimée en utilisant le terme « structurellement persécutés », voyant ce que cela évoque chez plusieurs lecteurs. J’ai donc rectifié par « également discriminés », me rendant compte que je ne peux pas parler à leur place. J’ai cependant discuté avec des personnes noires et arabes qui m’ont confié avoir été victimes de racisme et c’est ce que je voulais brièvement évoquer.
      Sur la racisme en France, j’en suis bien consciente de la propagande universaliste qui y règne. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’ont poussé à partir. J’ai aussi prévu d’en parler dans un prochain article 🙂

  7. Une nana qui ne parle pas la langue, qui critique la nourriture, l’administration etc etc…Et qui s’étonne ensuite de ne rencontrer personne , non mais sérieusement 😳😳😳🤣🤣🤣??? Votre jugement est un jugement à l’emporte pièce !

    1. Je préfère ne rencontrer personne, que des personnes comme vous :S – et ne m’appelez pas Nana 🙂

  8. Je trouve l’article vraiment à charge contre de pauvres allemands qui vivent leur vie tranquilement.
    En fait le décalage vient du fait que l’on découvre l’aspect avant de comprendre les raisons des particularités nationales.
    J’ai également mon expérience et je pense pouvoir apporter des (contre-)points de vue complémentaires.

    1: la carte de crédit (VISA/MASTERCARD) coute cher aux commercants. Le system girokonto a ete mis en place pour permettre des transferts sans frais. Donc tous les commercants refusent comme nos buralistes et boulangers tout grognons.

    2: L’administration: ayant vu les deux cotés (en particulier la sécu francaise), ca communique et avance 3 fois plus vite en allemagne (faut il savoir lire les courriers cryptiques). Attendre 1 an pour obtenir une carte de sécurité sociale en france avec mise a nu (identite, comptes en banque, salaires, extraits de naissance) j’ai vu. En attendant tes soins médicaux ils attendent.

    3: Le téléphone. Absolument: Ils ont pas free, 5-10 ans de retard sur la france au niveau des tarifs.

    4: Impossibilité de tisser des liens affectifs: les allemands ne sont pas des bretons marseillais, mais plutot comme des gens de l’est. Cependant, il est impossible de tisser des liens sans l’une des composantes suivantes: Maitrise avancée de la langue permettant de dépasser la superficialité, se mettre tout nu ou vivre des mésaventures.

    5: Le gap de communication. Les allemands ne COMPRENNENT pas nos métaphores et convolutions langagières. Ils expliquent leur blagues, elles sont bien grasses et bien téléphonées. Dans un environnement de travail la règle c’est boulot (sans blagues) puis on discute. Je pense qu’environ 10% des allemands que je connais comprennent intuitivement le second degré (pour les autres ils cherchent pas à comprendre, et te mettent dans la case personne qui parle aléatoirement et à éviter).

    6: Ils mangent beaucoup au petit dej, mais aussi le soir et souvent très tot (6h-7h). Ils mangent souvent froid le soir un abendbrot (pain du soir). Pain qui est plutot compact et complet pour en faire des tartinades agrementees de fromage, viande, beurre, cresson etc. A l’instar de nos éponges a sauces de pain blanc. Les allemands ne connaissent pas la richesse culinaire francaise. On ne se rend pas compte de la variété de notre cuisine dus à notre histoire et nos particularités régionales. Ils sont cependant bien desservis niveau restaurants italiens, turcs et tradi en plus de la vente à emporter type asiatique et burgers. La cuisine des parents restant tradi, ceux qui cuisinent cependant suivent des modes plutot californiennes, et les autres mangent des plats tout faits bien dégeu (comme chez nous).

    7: Les poubelles. La france a 15 ans de retard (point), meme si on vous met de jolies poubelles en France, ca reste tres primitif niveau tri (et filieres de tri!).

    8: le racisme. C’est bien dit, tout comme chez nous (le poids le l’histoire est à éviter, les jeunes en ont MARRE qu’on les associe avec leurs ancêtres déludés). En ce qui concerne les débordements, c’est plutôt gravé dans l’inconscient collectif des nouvelles générations avec je dirais 20% qui te reprennent illico a la moindre blague raciste.
    Le contrôle au facies: les minorités sont différentes, et donc les comportements des policiers.
    Les règles concernant les réfugiés politiques (demandeurs d’asile) les forcent à rester a vivre dans leur lieu de résidence attribué et à ne pas se regrouper dans de grandes villes. Les contrôles au niveau des gares sont permanents. J’ai déjà assisté au contrôle dans le train d’un homme la 30aine, noir et le look plutot universitaire sobre. Il s’est insurgé, furieux d’avoir été contrôlé pour la 4e fois dans la même journée.

    Mon (malheureux) conseil pour pas se faire em***** par du racisme ordinaire, c’est de s’habiller avec un style soldat américain en civil. Beaucoup de soldats étaient stationés dans des barracks en Allemagne entre leurs missions et prenaient régulièrement les transports en commun pour se promener, en plus des liens tissés avec les locaux. Si t’as une casquette NBA et des basket roses tu te fera jamais contrôler, par contre a la mode parisienne avec un faux sac gucci….

    9: Le feu rouge. Les allemands prennent plaisir à suivre les règles, nous francais a les enfreindre.

    10: La qualité de vie allemande. Ils PRODUISENT des biens de qualité, et aiment les biens de qualité (j’ai pas dit de marque). Par contre, il y a des limites: au niveau alimentaire, surtout pour les populations pauvres c’est beaucoup de discount type Aldi, Liddle (et bien pire).

    Merci pour le partage

    1. Merci pour ce retour et ces précieuses informations ! Précisons que ce n’est pas un article contre les allemands, mais détaillant mes expériences négatives en Allemagne. Ça ne m’empêche pas d’écrire aussi des choses positives, comme je l’ai fait dans mon article sur la productivité en Allemagne 🙂
      Pour l’astuce des vêtements de militaire, même si je comprends l’intention, je désapprouve le fait de s’habiller d’une certaine manière ou se comporter d’une certaine façon pour éviter le racisme qui on le sait, n’a rien à voir avec ce qu’on porte, mais bien qui on est. Sinon je prend note de tout ça, merci !

  9. Super article! Je m’y retrouve un peu aussi dans cet article!
    J’ai eu du mal à me faire des amis allemands aussi. Ils sont très (trop?) conformes, mais ils sont aussi plus calmes, plus civils, moins dans l’émotionnel que nous!
    I guess ca dépend de ce que tu préfères mais les deux on des avantages et des inconvénients…
    La nourriture et sa qualité m’ont laissés de bons souvenirs, tu peux trouver de tout et à bas prix! Le recyclage est top aussi, ainsi que la consigne des bouteilles.
    Bottom line, c’est un pays où il fait bon vivre mais ça manque de peps à mon goût 😅 des bisouuuus

    1. Oui, je pense que ça dépend évidemment des individus ! Mais j’ai souvent l’impression d’être une drama queen en Allemagne haha ! Je comprends ton point de vue sur le manque de pep’s, surtout quand on vient de paris. J’ai l’impression que c’est plus un pays dont on tombe amoureux avec le temps, car il est indéniable qu’il y a beaucoup de choses positives à vivre en Allemagne, surtout une fois qu’on maitrise la langue.

  10. Bonjour,

    De ce que j’ai lu de votre part par-ci-par là il faudrait que vous commenciez à accepter que d’autres personnes n’aillent pas dans votre sens au lieu de dire qu’ils ne « comprennent pas »

    En effet : au-delà de l’apprentissage de la langue allemande je vous recommande vivement une formation sur la « communication interculturelle franco-allemande », càd : “comment vivre et travailler en Allemagne / avec les allemands”. Il y a de nombreuses formations proposées par des organismes. En fait il s’agit pour vous surtout de comprendre votre nouvel environnement en tant qu’expatriée.

    Vous êtes juste au début de ce process : vous ne percevez que la phase visible de l’iceberg, qui ancre généralement les gens dans leurs idées reçues et leurs préjugés si on ne regarde pas plus loin. La partie immergée de l’iceberg représente plus de 80% de ce qui reste à prendre et apprendre.
    Il vous reste donc à voir les différences entre ce que vous connaissez de votre/vos propre(s) culture(s) et celle de l’Allemagne où vous venez juste d’arriver (un an c’est rien !) :

    – les différents styles de communication
    – les différences de valeurs
    – la différence au niveau de la perception de la hiérarchie, du management
    – la différence dans l’engagement, le relationnel et la perception du « temps »
    – etc. j’en passe et des meilleurs

    Trop de gens pensent que s’expatrier dans un pays proche physiquement avec une frontière commune et un peuple d’apparence identique devrait être chose aisée. Cependant il y a tout autant de différences interculturelles entre la France et l’Allemagne qu’entre la France et la Chine par exemple chargement…

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